Les enfants du Pilon

conte de faits


co-production Le pont volant (France), compagnie La Buissonnière (Belgique)






Texte et mise en scène d'Alan Payon assisté de Cécile Vitrant

avec Elena Bosco et Simon Fiasse

Scénographie et marionnettes d'Evandro Serodio

Stagiaire fabrication Marine Brosse

Costumes de Marion Benagès


Marionnettes portées, ombres et conteurs



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Regarder

le reportage de la télévision belge

http://www.matele.be/vendredi-01-novembre-2013-les-enfants-du-pilon


le reportage de France 3 au festival International des Arts de la Marionnettes de Charleville-Mézières 2013

http://culturebox.francetvinfo.fr/le-festival-international-de-marionnettes-de-charlevillle-bouscule-les-codes-142519


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Résumé.


Le Dague travaillait dans une usine de la Vallée. Voilà bientôt trois ans qu'il va au Pôle pour le travaillage une fois par mois, histoire de raconter comment qu'il trouve pas d' boulot, et qu'on lui dise, comment qu'il devrait en trouver un quand même. Son fils, le Rémi Daguet, a presque du poil au menton, son père refuse alors de continuer à lui raconter les belles Légendes de la Vallée, celles de Charlemagne et des quatre fils Aymon, parce qu'un gars de la Vallée doit avoir les pieds bien ancrés dans le sol, les mains à sa machine et la tête à ce qu'il fait, pas ailleurs dans les arbres.

Un jour, le Grand Pilon des Thomé se tait, la dernière usine du patelin va fermer, c'est le silence dans la Vallée.

Rémi décide de quitter la maison pour aller manifester avec les ouvriers licenciés, mais cela ne se passera pas comme il l'escomptait.



Note d'intention.


Les enfants du Pilon est la troisième pièce d'un triptyque autour des fermetures d'usine qu'a connu la Vallée de la Meuse, dans les Ardennes, depuis la crise économique. J'ai entrepris ce début d'écriture en résidence à l'Institut International de la Marionnette, à Charleville-Mézières, suite à un projet de médiation culturelle, que j'ai porté au sein de ma compagnie, le Pont Volant, pour qui je suis auteur associé. Ce projet de médiation répondait à l'appel d'offre de l'ORCCA quant à son programme d'actions culturelles en lien avec les territoires et m'a donc permis de rencontrer nombres d'habitants de la Vallée de la Meuse en allant interviewer d'anciens ouvriers, en animant des ateliers d'écritures, et des stages de construction et de manipulation de marionnettes, mais surtout en partageant les enjeux de ce triptyque, et cette question qui me taraude : si le théâtre est un « examen » du réel, comment peut-il raconter, examiner, témoigner, de ce réel-ouvrier, ici, sur le territoire qui nous occupe ? Ainsi, fort de toutes ces rencontres, je réunis assez d'éléments pour entrer en écriture.

L'évènement marquant qui sonnait le glas de l'épopée industrielle ardennaise fut la fermeture, à l'automne 2006, de Thomé-Génot, la dernière grande forge de la Vallée, située à Nouzonville. Fondée en 1863, d'aucuns n'auraient pensé que cette entreprise fermerait, car historiquement, elle fût un des fleurons de l'industrie métallurgique française, en devenant le leader mondial des pôles alternateurs pour automobile. Pourtant, en 2003, l'entreprise annonce son dépôt de bilan. Deux repreneurs se font connaître, l'un étant le patron d'une entreprise locale, l'autre, Catalina, une société dont le siège est implanté dans le Delaware, un paradis fiscal américain. En 2004, le Tribunal de Commerce accorde la reprise au repreneur américain, alors qu'entre le dépôt du plan de reprise et l'audience au tribunal, le fond d'investissement, qui devait assurer 50% du financement, ne figure plus dans le dossier.

Deux ans après ce rachat frauduleux, la société Catalina se révèle être une « coquille-vide », Thomé-Génot ferme, la trésorerie est liquidée, les machines sont transférées dans des entreprises étrangères où la main d’œuvre est moins chère, et les quelques trois-cent ouvriers se retrouvent au chômage. Nous sommes là face à ce que la presse à appeler un « patron-voyou », qui en 2009, après un dépôt de plainte des anciens salariés, se voit condamné à cinq ans de prison ferme, mais qui se réfugie en Californie où il coule des jours paisibles.

Voilà bien un récit digne d'une farce, d'un cartoon, voilà bien que le réel se fait aussi fou que la fiction. Le prendre en charge me parut alors une opportunité rêvée.

Le documentaire Silence dans la Vallée, réalisé par Marcel Trillat lors de la fermeture de Thomé-Génot montre le combat des ouvriers et leur colère face à l'injustice mondialisée. C'est l'enjeu de ce texte, maintenant que les marteaux-pilons se sont tus, comment ne pas baisser les bras dans cette Vallée désœuvrée ? Les Ardennes sont connues pour être un « pays de labeur et de légendes », comment ces légendes (surtout la légende carolingienne des quatre fils Aymon, inspirée de la chanson de geste des quatre fils Aymon et de celle de Renaud de Montauban) peuvent-elles nourrir un imaginaire ? Comment ce même imaginaire peut-il sauver de la précarité causée par la perte d'un emploi, et surtout, comment ces mêmes facultés d'imaginaire et d'enfance peuvent se joindre à la lutte, et nourrir le combat ouvrier ? En fait, comment l'enfance de chacun peut se rappeler à nous pour nous porter secours ?

C'est pourquoi j'ai choisi d'écrire un texte pour la marionnette, en fait, non pas pour, mais avec la marionnette, avec son impertinence et sa désinvolture, avec ce besoin impétueux d'enfance qu'elle réclame à qui voudra la manipuler.

Cette quête vers un devenir-enfant est présentée à travers une relation père/fils, avec le Dague et le Daguet. Notre jeune Daguet, un enfant de la Vallée, va tenter de redonner à son père toutes ses facultés d'imaginaire. Le vieux Dague considère que son fils, qui aura bientôt du poil au menton, ne peut plus rester perché dans son imaginaire, il doit devenir un gars de la Vallée, et avoir "les pieds bien ancrés dans le sol, les mains à sa machine, et la tête à ce qu'il fait, pas ailleurs dans les arbres.".

La fermeture de l'usine est l'élément perturbateur, qui donnera envie à Rémi de mettre toute son enfance au service du combat ouvrier. Personne ne l'écoute, qui écouterait un petit duveteux ? Alors il prend la décision, d'aller quérir les enfants des Ardennes, ceux de la légende, et de tout faire, pour mettre leurs chansons, au service de la lutte.


                                                                                                                                                Alan Payon




Extrait de la pièce :


« Le dague. – Des histoires le Daguet, des histoires je t'ai dit.

Rémi. – Vrai ou pas qu'un jour tu y étais ? Vrai ou pas que tu l'as vu le Maugis, vu, avec tes yeux, rond comme des billes, du temps où tu étais duveteux ?

Le dague. – Vrai ou pas. Tu es trop grand pour ça maintenant. Un bon Dague ne doit pas farcir la trogne de son Daguet avec des histoires d'Enchanteur et de perlipopouille ! C'est la poudre aux yeux ça Rémi, parce que quand on est tout petit et tout rose, faut pas trop qu'on vous montre que la Vallée est toute grise comme ses usines. Alors je disais les histoires et tu faisais de beaux rêves, hein mon Daguet ?

Rémi. – Je sais la Vallée maintenant, je m'y suis bien promené, j'ai vu les parkings et les HLM, les usines et les cité ouvrières, j'y ai crevé mon ballon.

Le dague. – Tu as de la bouteille dis-donc !

Rémi. – Moque pas le Dague, n'empêche que justement, si on disait encore les histoires même avec la barbe bien épaisse quand elle nous pousse, peut-être que la Vallée elle serait plus rigolote.

Le dague. – C'est le terre à terre ça, un bon gars de chez nous, tu vois, il a les pieds bien ancrés dans le sol, les mains à sa machine, et la tête à ce qu'il fait, pas ailleurs dans les arbres. »



Ce spectacle est né suite à un projet de mediation, Les castelets d’usine, qui a comporté des interviews, des ateliers, des répétitions ouvertes.



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